La plupart des milans royaux descendent passer l’hiver en Espagne, depuis quelques années, certains hivernent en Auvergne et plus principalement dans le Cantal. Peut-être que le réchauffement climatique est l’une des explications à ce phénomème. 27 bénévoles du groupe Cantal de la Ligue pour la Protection des Oiseaux ont participé au comptage des milans royaux dans notre département. C’est la troisième année qu’un comptage simultané des milans royaux hivernants est organisé au niveau national.
Milan Royal
Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’évaluation du plan de restauration du milan royal. Ce programme a reçu l’aide financière de la DIREN, du Conseil Régional et des fonds européens et a comme principaux objectifs l’amélioration des connaissances sur l’espèce et l’identification des habitats.
Si en 2007, 714 milans royaux avaient été dénombrés sur les sites d’hivernage du Cantal et 574 en 2008, cette année c’est seulement 368 milans royaux qui ont été comptabilisés sur 16 sites ! répartis entre la planèze de St-Flour et l’Ouest du Cantal.
Ce comptage avait aussi lieu dans l’ensemble des départements auvergnats et ce sont 744 individus qui ont été vus dans 25 dortoirs (906 sur 17 dortoirs en 2008). 1 dortoir pour 16 individus dans l’Allier (29 en 2008), 4 dortoirs pour 218 individus en Haute-Loire (209 en 2008), 4 dortoirs pour 132 individus dans le Puy de Dôme (94 sur 3 dortoirs en 2008). A noter les effectifs important de janvier 2007 : 1 200 milans royaux en Auvergne.
Cette nouvelle baisse importante de l’hivernage des Milans Royaux constatée dans le Cantal inquiète. Si l’enneigement assez important peut expliquer le départ des oiseaux sur d’autres sites, les faibles effectifs des plateaux de l’ouest sont surprenants alors que l’enneigement y était faible et que la pullulation des campagnols terrestres y est forte. En hiver, plusieurs milliers individus sont présents dans les Pyrénées et dans le Massif central auxquels il faut ajouter la population corse sédentaire. Notre pays est survolé par les importantes populations continentales et nordiques lors des migrations printanière et automnale.
En Europe, cinq pays abritent près de 90 % de la population nicheuse mondiale du milan royal (à ne pas confondre avec la population des hivernants) estimée entre 19 000 et 24 000 couples: l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Suisse et la Suède. Le milan royal était il n’y a pas si longtemps commun en France mais, les années 90 marquent l’amorce d’une diminution qui se poursuit à l’heure actuelle. La régression touche de plein fouet les populations du nord-est de la France, celles du Jura et celles situées sur les franges nord et est du Massif central. Les régions du centre, du sud-ouest et de la Corse sont épargnées.
Milan Royal en vol
Le suivi de la migration sur le col d’Organbidexka illustre parfaitement cette régression des populations. Les pays qui abritent les plus grosses populations sont eux aussi affectés : l’Allemagne (12 000 couples) et l’Espagne (3 500 couples). A contrario, l’espèce est en augmentation au Royaume-Uni, en Suisse et en Suède.
La réduction des populations au niveau international est due à deux catégories de menaces. D’une part, les menaces indirectes, relatives à l’habitat et à la disponibilité des proies : dégradation de l’habitat et diminution des décharges. D’autre part, les causes directes : empoisonnement, tir, électrocution, collision avec des véhicules. La France qui héberge 3500 couples nicheurs, soit 16% des effectifs mondiaux, se doit de tout faire pour enrayer le déclin du milan royal, les mesures à prendre sont urgentes. Il est important que l’Auvergne s’implique dans la protection de ce superbe rapace, car elle accueille une forte proportion de la population française : entre 630 et 1020 couples en Auvergne dont 350 à 560 dans le Cantal (soit près de 13% de la population nationale).
Informations sur le site:
milan-royal.lpo.fr
Photos: Romain Riols, LPO Auvergne