Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, action de soutien

Une action « coup de pouce » pour ne pas oublier Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier retenus en otages depuis plus de 500 jours en Afganistan, a été menée à Aurillac juste après la présentation du festival de théâtre de rue par Stéphane David, journaliste, Chantal Péchaud correspondante pour le comité de soutien aux deux journalistes.

Interview:

[audio:otages.MP3]
Chantal Péchaud, Stéphane David
Chantal Péchaud, Stéphane David

Cette action invitait la population, les journalistes, les élus, à apporter leurs soutiens massifs à ce processus de libération des otages qui traîne en longueur. Apposer son empreinte du pouce et une signature pour soutenir Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier n’était pas une action isolée, car plus de 35 villes menaient cette opération ce vendredi 13 mai 2011.

Comité de soutien à Hervé et Stéphane – allocution ONU
Soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier et leurs accompagnateurs
Mesdames et Messieurs, depuis le 29 décembre 2009, soit 500 jours aujourd’hui, Stéphane Taponier, Hervé Ghesquière, ainsi que leurs 3 accompagnateurs afghans, Mohamed Reza, Ghulam Heidar et Satar, sont otages en Afghanistan.

Début décembre 2009, les 2 journalistes français, professionnels aguerris depuis plus de 20 ans, étaient partis pour réaliser un reportage en Afghanistan, dans la vallée de la Kapisa, au Nord Est de Kaboul. Lorsqu’ils ont été enlevés, ils terminaient une enquête de plus de 3 semaines avec l’armée française, et auprès de la population afghane pour le compte du magazine Pièces à Conviction de la chaîne publique France3, du groupe France Télévisions.

Hervé et Stéphane étaient partis recueillir le sentiment des populations civiles afghanes qui souffrent de cette guerre. Ils voulaient nous ramener un reportage complet, objectif et nuancé, malgré les risques.

Quand ils ont été pris, ils ne faisaient que leur métier : nous informer, avec pour seule protection leur carte de presse. Et c’est l’honneur du journalisme de continuer à couvrir les zones de conflit en toute indépendance, malgré les dangers et les critiques.

Comment vont-ils vraiment ?
Où sont-ils précisément ?
Nous ne savons pas.

La dernière « preuve de vie » date de 6 mois. Leur détention est longue. C’est la plus longue détention de journalistes français depuis celles des otages du Liban il y a 25 ans.

Nous savons Stéphane et Hervé solides et volontaires, mais le temps qui passe alourdit chaque jour le fardeau. Vous le savez bien : le temps est la tragédie des otages.

Janine Ghesquiére, la maman d’Hervé qui aura 85 ans cette année, résume ainsi ses journées : « dès mon réveil, je vois son regard devant moi, le soir je pleure car il n’est toujours pas là. »

Nous nous interrogeons aussi avec gravité sur le sort réservé aux accompagnateurs afghans et à leur famille.

Nous ne savons rien des négociations. Le gouvernement afghan et la France travaillent. Mais le constat ne varie pas : Stéphane, Hervé et leurs 3 accompagnateurs sont toujours prisonniers.

Nous nous interrogeons, mais nous agissons. Nous, les familles, les amis et les proches. Car nous pensons que la médiatisation est utile.

Elle sert à lutter contre l’oubli. Elle sert à protéger la vie des otages. Cette médiatisation leur parvient sans doute et entretient leur espoir.

Même si nous voulons croire que les ressources en hommes et en matériel sont déployées sur place en Afghanistan, nous continuons à appeler la population française à rester mobilisée jusqu’à leur retour, et nous demandons avec insistance que tout soit entrepris pour les libérer au plus vite, et ce, par les voies de la négociation.

Le Comité de Soutien, Reporters Sans Frontières, l’association Otages du Monde, le groupe France Télévisions et des citoyens anonymes restent mobilisés pour que l’on ne les oublie pas.

Le Parlement Européen a exprimé lui aussi son soutien en recevant notre comité à Strasbourg, l’Onu également participe à cette mobilisation.

Des messages de soutien et de sympathie nous arrivent d’un peu partout dans le monde…

Que toutes ces pensées convergent vers eux et les réconfortent.

En France, nous nous sommes organisés pour envoyer régulièrement des messages d’espoir par ondes radio pour que la peur de l’oubli ne les anéantisse pas, qu’ils sachent qu’on les aime et les soutient, et que leur passion de journaliste ne s’éteigne pas.

Hervé et Stéphane, tout au long de leur carrière, sont allés partout dans le monde. Ex-Yougoslavie, Rwanda, Irlande du Nord, Cambodge, Indonésie, Amérique Centrale, Liban, Syrie, Palestine, Congo, Côte d’Ivoire…

Au coeur des conflits, le long des routes d’exode, ils ont parlé à des hommes de toutes les couleurs, convictions, conditions sociales. Chaque fois leur souci premier a été de restituer une vérité, des situations, et la complexité des hommes.

Dans un pays en guerre comme l’Afghanistan, les journalistes sont les yeux de la démocratie, leur fermer les portes des pays en guerre reviendrait à ouvrir encore plus grand celles de la barbarie. A l’heure où certains veulent stigmatiser, diviser, et exacerber les haines entre les communautés.

Les journalistes, citoyens du monde, sont les liens indispensables entre les hommes. Leur mission est essentielle, nous leur devons considération et solidarité. Tant qu’ils seront otages, c’est notre liberté d’information qui sera entravée.

Leur liberté, c’est notre liberté !
Ce texte a été écrit par le comité de soutien. Ont participé à son écriture : Bertrand, Michel, Jean Christophe, Caroline, Richard, Christelle, Patricia et Thierry. Des pensées pour Hervé, Stéphane et leurs accompagnateurs. Des pensées pour tous les reporters de guerre, tout particulièrement ceux tombés, ceux détenus, ceux libérés.

Photo: Didier – iLACA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *