Alors que l’Auvergne concentre cet hiver un effectif exceptionnel de milans royaux, venus des quatre coins d’Europe, des cadavres continuent d’être découverts sur des communes ayant bénéficié de campagnes de traitements à la bromadiolone. La LPO exige que l’Etat et ses services déconcentrés assument leurs responsabilités et prennent des mesures urgentes pour qu’une telle hécatombe ne se renouvelle pas en 2012.
Début janvier, trois nouveaux cadavres ont encore découverts sur deux communes du Puy-de-Dôme dans lesquelles des traitements à la bromadiolone ont eu lieu. Ces nouveaux cas portent à 44 (dont 28 milans royaux et 16 buses variables) le nombre de rapaces victimes d’empoisonnement par ce puissant toxique. Combien d’autres cadavres n’ont pas été trouvés et gisent encore dans le département ? Combien d’autres auraient succombé si le préfet n’avait pas écouté la demande de la LPO de suspendre les traitements ?
Depuis 6 ans, est organisé en France et en Europe un comptage simultané des dortoirs de milans royaux. Cette opération permet de mieux connaître l’aire de répartition de l’espèce en hivernage, de déterminer l’effectif d’hivernants et de mesurer les évolutions et variations au cours des années. Des dizaines de salariés et bénévoles sont mobilisés pour ce comptage, organisé cet hiver les 7 et 8 janvier.
A l’occasion de ce comptage, près de 1 500 milans royaux ont été recensés en Auvergne. Cet effectif constitue un effectif record jamais atteint depuis 2007, seule année où l’effectif d’hivernants avait dépassé le millier. Ces chiffres démontrent bien le lien très étroit entre les pullulations de campagnols et les effectifs de rapaces, et notamment des milans royaux. Elles mettent aussi en évidence le rôle majeur que joue l’Auvergne pour l’hivernage du milan royal, puisque la région abrite près d’un tiers de l’effectif hivernant français.
Les milans royaux qui viennent passer l’hiver en Auvergne viennent aussi bien de France, que d’Allemagne, de Suisse… Un des milans retrouvé empoisonné avait été bagué en Allemagne. Ce constat montre que l’Auvergne a une forte responsabilité quant à la sauvegarde du milan royal, à l’échelle européenne.
Dans ce contexte, la LPO s’inquiète de l’avenir du milan royal en France et craint que de nouvelles campagnes de traitements soient lancées en Auvergne dès mars prochain, au moment de l’installation des couples nicheurs. La LPO déplore en outre que le retrait du renard et des mustélidés de la liste des nuisibles, pourtant annoncé par voie de presse par le préfet du Puy-de-Dôme, n’ait pas été effectif, aucun arrêté n’ayant été pris en ce sens. La LPO n’a enfin reçu à ce jour aucune information quant à la réunion programmée au tout début du premier semestre 2012 par le préfet avec les partenaires afin d’élaborer une stratégie de lutte efficace contre le campagnol terrestre.
Il est essentiel qu’une stratégie partagée par tous les acteurs (agriculteurs, scientifiques, associations, services de l’Etat) soit mise en place rapidement.
La LPO exige donc aujourd’hui que l’Etat et ses services déconcentrés prennent leurs responsabilités et mettent en oeuvre des mesures urgentes pour assurer la sauvegarde de cette espèce emblématique, dont notre pays abrite la deuxième population mondiale.
Infos pratiques:
www.lpo-auvergne.org
Photo: Milan royal – LPO